La peinture sur verre a donné au vitrail le statut de moyen d’expression picturale au même titre que la fresque et l’enluminure. C’est une peinture qui doit être fixée par cuisson autour de 650° C. En effet, on peint avec la grisaille, un mélange (A) constitué d’un liant ( une poudre de verre ) et d’un pigment ( de la rouille). Le pigment donne l’opacité à la grisaille, et en fondant, le verre en poudre en fusionne avec le verre support, forme un film et enrobe les particules du pigment, les protégeant ainsi d’une altération future.
Cette peinture doit être « broyée », c’est à dire mélangée avec un véhicule liquide et un liant provisoire pour être appliquée aisément avec des pinceaux ou des brosses. Aujourd’hui, on prépare la grisaille avec du vinaigre (B) ou de la gomme arabique (C) ou encore différentes essences et liants synthétiques. Ceci se fait sur une plaque en verre (D) ou en pierre à l’aide d’une molette (E) et d’un couteau (F).
Au chapitre XIX de son Traité sur les Divers Arts, Théophile explique encore comment peindre des traits opaques sur les verres, en « suivant scrupuleusement les traits qui sont sur la table » (G). Ces traits opaques de grisaille se nomment « contours » par opposition aux lavis plus transparents des ombres ou des demi-teintes que l’on appelle « modelés« . Les modelés du volume de ce que l’on voulait représenter, pouvaient aussi être rendus par un jeu de traits parallèles plus fins ou de hachures comme le monte le visage du saint Jean (H) de la Grande Crucifixion de Poitiers. Ornements et inscriptions étaient souvent traités par « grattage » (I).
Au chapitre XX, « Des trois couleurs (ou valeurs) pour les lumières dans le verre », Théophile montre que l’on peut varier les valeurs des modelés sur les visages et les drapés, en diluant la peinture et en appliquant des lavis de valeur plus ou moins foncés de grisaille (J), tandis que les ombres creusent plus ou moins les orbites des yeux, le cou et la périphérie du visage (K).
Quel que soit le style et l’époque, les outils de la peinture sont restés les mêmes. Les poils longs et fins adaptés au travail calligraphique des contours (L) et ceux plus courts et plus fournis des lavis (M) sont encore des poils de martres ou d’écureuil. L’appui main ( ou petit banc) est toujours utilisé pour soulager le poignet du peinte ainsi que les pointes, bois et aiguilles (O) pour corriges les défauts d’un trait ou d’un lavis.
Quelques exemples de grisailles « colorées » complètent la vitrine (P). Elles apparaissent au 15e siècle et serviront principalement à rehausser la couleur des damas et des ornements des riches vêtements de l’époque.